Des bleus au cœur, de Louisa Reid
Un roman de Louisa Reid
Date de publication : 10 mai 2012
Nombre de pages : 327
ISBN : 978-2259217866
Synopsis :
Rebecca et Hephzibah sont sœurs jumelles. Elles viennent d’entrer au lycée, c’est la première fois qu’elles ont le droit de sortir. Ce qu’elles partagent : un secret terrible, des parents violents et l’envie de s’enfuir. Une seule d’elles réussira, mais jusqu’au bout elles resteront unies : le reflet l’une de l’autre dans le miroir, l’une dans la lumière, l’autre dans l’ombre.
Notre avis sur le roman :
Le roman commence par le lapidaire « Aujourd’hui ils m’ont obligée à aller à l’enterrement de ma sœur ». On entre directement au cœur de ce conte terrifiant, où la première partie alterne le récit d’Hepzibah avant sa mort et celui de Rebecca après la mort de sa sœur. Le lecteur est littéralement plongé dans l’horreur de l’éducation des jumelles, privées des joies de l’enfance, de l’expérience de la vie à l’extérieur du presbytère, de l’amour qu’un enfant est en droit attendre de ses parents et de ses proches en général. Au contraire, leur vie est rythmée par les corvées, les prières et la morale imposées, la violence d’un père alcoolique et la présence effacée d’une mère dépressive et soumise, qui déteste ses deux filles. Hephzibah et Rebecca tenteront de sortir de cet engrenage avant qu’il ne les broie. Malgré la peur, elles essaieront de braver l’interdit pour trouver dans leur quotidien de secrets, de violences et d’atrocités, quelques lueurs de joie, d’espoir.
Le sujet de l’enfance maltraitée est toujours difficile à aborder, tout d’abord parce qu’il révolte mais également parce que rien ne peut jamais le justifier. Même la raison décrite avec beaucoup de justesse dans ce roman ne peut suffire à expliquer les coups, à dissiper l’horreur, à justifier la haine. Les deux jeunes filles, bien que jumelles, sont à l’opposé l’une de l’autre : physique tout d’abord, mais également du point de vue de leur caractère. Ce qui les rassemble, c’est leur amour l’une pour l’autre (même si Hephzi sait s’en servir pour se protéger des coups) mais également leur vie de calvaire au presbytère familial. Comme souvent, les gens diront On ne savait pas, mais ils ne voulaient surtout rien savoir et ne pas être mêlé à tout ça.
Ce livre est d’une incroyable force, écrit avec beaucoup de justesse, sans empathie ni sensiblerie, et fait passer son lecteur par de nombreux sentiments : indignation, horreur, envie de protéger ces enfants innocents, de faire mal à ces adultes pour qui la haine et la violence sont les réponses à leur vie ratée et leurs enfants les exutoires. « Depuis qu’Hephzi n’était plus là, Il était plus morose que jamais. Et amer. Cette colère brutale et corrosive se déversait droit sur moi, celle qui avait survécu. Celle qui aurait mérité de mourir. » Poignant et révoltant !